À en croire Jean-Marc Perrin, son directeur de campagne, l'agenda de Maryse Joissains ces jours-ci n'a rien à envier à celui de François Hollande. "Cela fait plusieurs semaines qu'elle me demande de lui trouver un créneau pour commencer à aller sur le terrain. Alors, je m'arrache les cheveux... Là, il y a un conseil communautaire, ici une réunion. C'est mission impossible".
Mais quand faut y aller, faut y aller. Les challengers ont commencé à battre le pavé, pas question de leur laisser grignoter du terrain. Alors ce week-end, tant pis pour la séance initialement prévue chez le coiffeur ou l'étape dentiste, Maryse Joissains est allée arpenter le marché du Jas de Bouffan - le matin - avant de faire une petite virée dans le centre ville l'après-midi.
"Un beau quartier, un des plus beaux d'Aix"
Au Jas, 11 heures, le marché bat son plein. Il y a Françoise Terme, l'élue du Jas, mais aussi Jules Susini, qui tient le chien en laisse... Alain Joissains papote à quelques pas de là. Le maire sortant est solidement encadré de jeunes du quartier. Parmi eux, Ali, manteau noir et cheveux bien coupés, qui récite la leçon sur la métropole qui va coûter cher aux Aixois. Les tracts, allègrement distribués, sont consacrés à "la comparaison entre Aix et Marseille en quelques chiffres".
Mais les badauds du Jas, ça leur parle, la métropole ? Pour cet homme rencontré devant les fruits et légumes, oui : "Je suis à l'UPE (Union pour les entreprises, déclinaison locale du Medef, ndlr.), et mes copains, ils disent que la métropole, il faut y aller, confie-t-il à Maryse Joissains. Mais moi, je ne suis pas sûr du résultat." La conversation dévie sur les impôts. "Je gagne bien ma vie, j'ai une grande maison, poursuit le patron, mais je paie trop, il y en a assez". L'homme est un converti. Inutile, pour Maryse Jossains, de s'attarder. D'autant que le marchand de légumes commence à râler à cause de l'attroupement devant son étal.
Quelques mètres plus loin, la candidate tend la main à une vieille dame. L'autre lui rend la salutation, mais lâche au passage : "C'est bien la première fois que je vous vois ici. Vous venez tous les 6 ans ?" Réponse du tac-au-tac : "J'ai du travail, madame, je gère une ville et une communauté de 350 000 habitants". L'entrevue est vite close.
Au fil de la promenade, la plupart des badauds sont respectueux, accueillent l'élue avec le sourire. "Le maire, c'est quand même quelqu'un" lâche-t-on à l'entrée de la buvette du "club de la boule". Sur les tables rondes disposées à l'extérieur, on a vite rangé sous les tracts de "Maryse" ceux de Jean-Louis Keïta et de Bruno Genzana, qui ont fait le même parcours quelques minutes auparavant. Sous les décorations au style égyptien, le maire distribue sourires et accolades sans compter. "Le quartier du Jas de Bouffan est un beau quartier ! Un des plus beaux d'Aix" lâche-t-elle.
Le peloton s'éloigne, s'arrête quelques secondes, interpellé par un vieil homme qui brandit des courriers échangés avec le bailleur social : il l'accuse d'avoir lésiné sur les travaux dans son appartement. Plus loin, c'est un jeune homme, "fraîchement diplômé de médecine", qui est présenté au maire. Il se verrait bien à la tête d'un commerce dans le quartier. Pourquoi pas une herboristerie ? "On va se renseigner pour des locaux" lance Maryse Joissains.
Elle finit par quitter le marché, entourée des fidèles, et se dirige vers les commerces du Valcros. S'arrête près d'un grillage constellé de détritus. "Allô Slimane ? Il faut organiser une opération nettoyage coup-de-poing par ici. C'est pas très propre". Oyez, Maryse Joissains est dans la rue.
Julien Danielides
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